Pas d’oreillons à 81 ans ! - 22/05/17
Résumé |
Introduction |
En dehors des causes infectieuses, la tuméfaction des glandes salivaires principales d’apparition brutale chez l’adulte fait évoquer avant tout une lithiase. Celle-ci ne concerne habituellement qu’une glande à la fois. D’autres causes sont plus exceptionnelles comme la sialadénite aiguë secondaire à une injection de produit de contraste iodé (PCI).
Observation |
Une femme de 81 ans avait un scanner thoraco-abdominal avec un PCI administré par voie intraveineuse dans le cadre de la surveillance d’un anévrysme de l’aorte ascendante d’origine infectieuse. Son traitement habituel comportait : salicylate de lysine, olmesartan, nevibolol, verapamil et doxycycline. Quarante-huit heures après l’injection de PCI Ultravist 370® (iopromide 370mg Iode/mL), la patiente présentait une tuméfaction intra buccale d’apparition brutale. L’examen clinique mettait en évidence une sous-maxillite bilatérale légèrement douloureuse, les orifices n’étaient pas inflammatoires. Le reste de l’examen était sans particularité. L’évolution était rapidement favorable avec une disparition quasi complète de la symptomatologie en 24heures.
Discussion |
La sialadénite aiguë secondaire à l’injection de PCI est une complication rare. Environ 40 cas ont été décrits dans la littérature depuis la première description en 1956. Les auteurs l’avaient surnommée « iodide mumps » (littéralement « les oreillons à l’iode »). Une recherche dans la Banque nationale de pharmacovigilance a retrouvé un cas de 2011 d’un patient qui présentait une sialadénite des glandes sous maxillaires et une hyposialie environ 24heures après une injection de PCI. L’évolution avait été favorable en 3jours. Généralement indolore et symétrique, elle affecte plus souvent les glandes sub-mandibulaires que les glandes parotides. Elle survient habituellement plus de 48heures après l’injection du produit de contraste et est résolutive spontanément en 5jours maximum. L’imagerie n’est pas indispensable au diagnostic mais l’échographie permet toutefois d’éliminer une pathologie lithiasique en retrouvant une tuméfaction des glandes salivaires et des canaux dilatés hypoéchogènes associée à une hypervascularisation au Doppler. La physiopathologie n’est pas encore complètement connue. La concentration d’iode dans la glande salivaire atteint jusqu’à 100 fois celle du taux plasmatique. Cette forte concentration d’iode dans la salive pourrait provoquer un œdème et une inflammation du conduit muqueux conduisant à une obstruction salivaire. Aucun traitement n’a fait la preuve d’une quelconque efficacité.
Conclusion |
La sialadénite aiguë secondaire au PCI est une affection rare, bénigne et idiosyncrasique. Elle mérite d’être connue et ne semble pas être une contre-indication à une nouvelle injection. La prudence semble recommander de changer de PCI.
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Vol 38 - N° S1
P. A214 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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